ETF et ESG : un mariage heureux
Pourtant, ETF et ESG sont deux demandes fortes de la part des investisseurs privés, en particulier des plus jeunes. Le désir de respecter des critères environnementaux et sociaux est clairement plébiscité par ces investisseurs soucieux de l’impact de leurs investissements. De leur côté, les ETF répondent aux exigences de transparence, de flexibilité et de frais contenus.
Critères ESG (Environnement, Sociaux, Gouvernance), ISR (Investissement Socialement Responsable), investissement durable, responsable, éthique… Difficile d’y voir clair sans standardisation. Chaque société de gestion a repris à son compte ces termes. En tout état de cause, il s’agit d’ajouter de la moralité à l’investissement sous forme de critères extra-financiers. Se fier à l’étiquette apposée sur un ETF (ou bien entendu un OPCVM) est donc loin d’être suffisant. Cela impose à chaque investisseur d’aller étudier les critères utilisés et s’ils conviennent au sens qu’il souhaite à son investissement. Là encore l’ETF a un atout face aux autres OPCVM. Il est dans l’ADN de l’ETF d’être transparent et d’exposer sa méthode de gestion et la totalité de son inventaire. Bien sûr, un gérant actif d’OPCVM pourra également définir et appliquer rigoureusement des règles de sélection mais dans ce cas il semblera judicieux, en tout cas aux yeux de l’investisseur, de transformer cet OPCVM en ETF.
Fabrication des ETF ESG
Il existe deux façons de créer des ETFs ESG. La sélection active dite « best in class ». Elle consiste à ne choisir que les entreprises les mieux notées au regard des critères quel que soit le secteur. La sélection passive repose sur la méthode de l’exclusion, en rejetant des secteurs d’activités controversés comme l’armement, le tabac, les jeux d’argent, les activités liées au pétrole, etc… L’investisseur choisira par exemple la première méthodologie s’il ne souhaitait pas que son ETF ESG ne s’éloigne trop du même indice non-ESG ou s’il souhaitait conserver une plus forte diversification.
Et la performance ?
Dès 2015, une analyse menée par l’université d’Oxford et Arabesque Partners concluait que 80 % des études indiquent que les pratiques de durabilité́ ont une influence positive sur la rentabilité́ des investissements. Cela s’est confirmé depuis 2015. Respectivement 74% et 93% des groupes financiers américains et européens considèrent qu’intégrer des critères ESG améliore la performance. Il faut néanmoins rester très attentif à la source de la surperformance. Vient-elle du fait que les entreprises, respectant des règles morales, auraient plus clients et génèreraient plus de bénéfices ? C’est le message parfois véhiculé par les promoteurs des OPCVM. Mais ce n’est sans doute qu’une partie de la réponse. L’engouement des investisseurs, dont l’afflux de capitaux pousserait plus haut les valorisations, entre également en ligne de compte. Ce phénomène a été qualifié de « Momentum ESG trade » par le patron de BlackRock. L’impact du biais sectoriel des fonds ESG est également sans doute sous-estimé. En effet, l’ADN des fonds ESG est de sous-pondérer les valeurs pétrolières et de sur-pondérer les valeurs technologiques. Le comportement relatif des deux secteurs est très corrélé à la performance des valeurs ESG vs. Indice classique. Le réveil récent des valeurs pétrolières vient le rappeler avec force. Il sera intéressant en 2021, si la rotation sectorielle initiée par la perspective d’un vaccin se poursuit, d’analyser les performances relatives des fonds ESG.